Coucher de soleil [Mezou]

Le soleil déclinait déjà, dans l'horizon orangé. Bientôt, l'astre de la nuit viendrait prendre sa place et les étoiles viendraient entreprendre leur danse nocturne dans le firmament. Mais la journée n'était pas encore terminée et il y avait encore quelques habitants dans les rues de Douville. Un peu en retrait de la petite ville, une maison s'étendait sur un petit terrain d'herbes. Une dizaine de fleurs aux splendides couleurs poussaient le long du petit édifice au toit orange. La porte de l'habitation s'ouvrit, laissant apparaître un jeune chien, sur son seuil. Celui-ci mit une patte devant ses yeux pour se protéger des rayons du soleil couchant. Dans sa seconde patte, il tenait un petit arrosoir en fer blanc. Il descendit la petite marche et ferma la porte derrière lui. Il s'approcha doucement du petit carré de fleurs et avec une grande délicatesse, les arrosa. Il se mit à chantonner une petite chanson qu'il avait appris durant son voyage jusqu'à la ville. Il avait entendu dire que parler ou chanter aux fleurs les aidaient à pousser plus vite. Alors, depuis qu'il s'était installé, chaque soir, il venait arroser les jeunes plantes. Eliott était émerveillé par la beauté du village. Il ne regrettait pas du tout d'avoir quitté la grande ville qu'il habitait, il y a peine une semaine. Il avait gagné un peu d'argent grâce à Tom Nook mais ce raton laveur était un vrai voleur. Il avait préféré ne rien dire. Mieux valait éviter les problèmes d'entrée. Il ne s'était pas encore présenté en Mairie et n'avait d'ailleurs pas mis les pieds en ville depuis quelques jours. Le monde extérieur lui faisait un peu peur et sa timidité n'arrangeait pas les choses, non plus.

Eliott déposa son arrosoir dans un coin de son unique pièce et sortit de nouveau dehors. Se tenait les hanches, il observa le soleil déclinant. Il avait entendu dire qu'à Douville, il y avait une plage. Cela le tentait bien d'aller admirer la descente de l'astre du jour sur la mer. Il hocha la tête et se mit en route. D'un pas régulier, il avança parmi les habitations et les arbres. Bientôt il sentit le sable froid sous ses pattes et baissa le regard. Une bande de sable blanc s'étendait jusqu'à une immense étendue d'eau salé. Un sourire se dessina sur le visage du jeune chien et il s'approcha de l'eau. Il s'assit sur le sable fin et laissa ses pattes se faire caressées par l'eau. Il éprouva un profond bien être. Non, il ne regrettait vraiment pas d'être venu ici. Serte, il n'avait aucun amis mais que cela faisait-il ? Dans sa ville, il n'en avait pas non plus. Et il n'avait jamais été un grand bavard non plus. Il secoua son t-shirt blanc et du sable vola jusqu'à sa truffe. Il éternua, pas habitué aux grains de sable. Observant l'horizon, il entendit un bruit derrière lui et se retourna lentement. Qui était-ce donc ? Lui qui pensait qu'il serait seul à venir sur la plage ! Voyons voir ce qui allait arrivé à notre cher Eliott.

Mezou trottinait, débordante d'énergie. Elle était heureuse de s'être fait une amie, qu'elle allait revoir tout bientôt d'ailleurs ! Elle sourit. Li-Lou était très gentille, et lui inspirait confiance. Une fois la plage en vue, elle ralentit le pas, admirant la vue qui s'étendait devant elle. Le sable était couvert de traces de pas, à moitié effacées par les vaguelettes. De jolis coquillages étaient déposés ça et là, tandis que des cocotiers trônaient splendidement, encadrant l'endroit de leurs grandes feuilles vertes. Un magnifique coucher de soleil avait lieu ici tout les soirs. C'était tellement romantique ... Mezou réfléchissait, perdue dans ses pensées. Elle mit un moment à voir que, contrairement à la veille, une personne ne trouvait au bord de l'eau. C'était un jeune chien noir et blanc, qu'elle n'avait jamais vu. Il se retourna, et la regarda. Mezou lui sourit, et avança vers lui.

« Bonsoir ! » dit-elle, en souriant. « Tu es nouveau ici ? »

Sur la plage, à quelques mètres d'Eliott, se tenait une jeune fille au cheveux châtains et aux grands yeux noisettes. Elle était assez grande et un large sourire était dessiné sur son visage. Elle s'approcha d'un pas souple vers le jeune chien qui la regardait avec une certaine crainte. On ne sait jamais.


« Bonsoir ! » s'exclama la jeune fille brune. Apparemment, elle n'était pas aussi timide que notre jeune chien, qui s'attendait déjà à la question de la fillette. « Tu es nouveau ici ? »


Le jeune animal hocha la tête, un peu distrait. Il se souvenait de son voyage en bus jusqu'à la ville. Il y avait très peu de monde ce jour là. Et le chauffeur l'avait harcelé de questions durant tout le voyage, mais il ne s'en était guère vexé. Serte, il n'aimait pas énormément discuter, mais de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Il avait aussi eut le temps d'admirer les magnifiques paysages des campagnes de Douville. Il y avait de petites montagnes, qu'on pouvait apparenter à des collines verdoyantes à l'herbe rases et aux arbres inexistants. Ensuit, il y avait une petite forêt, puis un ruisseau. Eliott s'en souvenait très bien. Il avait été longtemps en extase, devant ce défilement de beauté que pouvait offrir la nature. Mais brusquement, il fut ramener dans le présent. Il se souvint de la présence de l'inconnue et il répondit, timidement :


"Euh ... Oui. Je suis nouveau ici. J'ai emménagé il y a une semaine environ."


Il ramassa une poignée de sable dans ses pattes et se mit à la faire passer d'une patte à l'autre, en essayant de perdre le moins de grains possible; C'était un façon à lui de canaliser un peu sa timidité qui pouvait être un peu excessive par moment. Il observa une nouvelle fois l'inconnue. Il ne l'avait absolument jamais vue. Habitait-elle ici depuis longtemps ou était-elle nouvelle, elle aussi ? Elle devait être à Douville depuis un petit moment. Sinon, elle ne saurait pas qui est nouveau et qui est ancien. C'était l'hypothèse la plus plausible du jeune chien. Maintenant, il pensait qu'il devait se présenter. Par politesse, bien sûr. Comme il se le répétait souvent, il ne voulait pas avoir de problèmes avec les habitants, donc autant paraître poli et respectueux. Toujours aussi timidement, il continua :


"Je m'appelle Eliott. Et .. toi ?"

Le petit chien noir et blanc hocha la tête, sans doute perdu dans ses pensées. Il avait l'air gêné, et pas très bavard. Mezou se demanda si elle l'avait dérangé, mais n'osait pas lui demander, de peur qu'il ne la remballe sèchement. Elle se contenta donc de sourire, attendant sa réponse.

« Euh ... Oui. Je suis nouveau ici. J'ai emménagé il y a une semaine environ. » finit-il par dire, timidement.

Mezou hocha la tête, tout en le regardant. Il prenait du sable dans ses pattes, et le faisait passer d'une patte à l'autre. Il leva ensuite son doux regard noir vers elle, et elle baissa les yeux. Ce genre de chose lui arrivait souvent. Bizarrement, quand elle regardait les gens, ils finissaient par la regarder aussi. Peut-être se sentaient-ils observés ?

« Je m'appelle Eliott. Et .. toi ? » murmura t-il, comme s'il lisait dans ses pensées.

La jeune fille lui sourit, et se présenta :

« Je m'appelle Mezou. »

La douce brise qui soufflait sur la mer devenait plus violente, formant de petites vagues pleines d'écume. Mezou les regardait avec attention venir s'écraser devant ses pieds -et les pattes d'Eliott. Elle recula un peu, pour ne pas être mouillée.

Affichant un petit sourire angélique, la jeune inconnue se présenta sous le nom de Mezou. C'était peu commun et ça chantait bien. C'était un très beau prénom du point de vue du jeune chien. Une bourrasque de vent agita soudain la mer et l'eau monta très vite. Les pattes d'Eliott, jusque là barbotant dans l'eau, se retrouvèrent enfouit complètement et l'eau monta si vite qu'elle lui parvint aux hanches. Il se leva si vite qu'il s'emmêla les pattes et tomba en arrière. Il n'avait pas peur de l'eau, du moins il acceptait d'être en partie mouillée. Mais il ne savait pas nager ! Et il ne voulait pas finir noyer. Serte, la mer ne monterait pas plus, mais que voulez vous, je ne fais que décrire ce qui se passait dans la tête de notre jeune chien. Donc il se retrouvait sur le dos, les quatre pattes en l'air, du sable de partout et le bas du corps trempé. Super situation ! Il se leva et mit une patte sur sa nuque. Il avait un peu mal à la tête, mais rie de bien grave. Il n'était pas très habile de nature et était même plutôt maladroit. Il avait l'habitude de trébucher ou de faire tomber des choses involontairement. Le vent se calma légèrement. Se levant, il secoua son T-Shirt et fit tombé les grains de sable qui s'étaient accrochés à lui. Puis il se souvint qu'il n'était pas seul et se retourna, affichant un sourire gêné.

"L'eau m'a surpris ... Je ne pensais pas qu'elle monterait si vite."

Mezou n'avait demandé aucune information quand à sa peur soudaine mais il préférait tout de suite lui dire. C'était une part de la vérité, mais pas toute. Pour qu'un mensonge soit crédule, il faut un peu de vérité, sinon ça crève les yeux que ce qu'on baratine est faux. Eliott n'était pas un grand menteur mais il savait comment mentir, bien qu'il mentait mal. Il espérait que la jeune fille ne remarquerait pas son mensonge. Pourquoi ne voulait-il pas dire toute la vérité ? Il avait peur de passé pour un idiot. C'est vrai quoi ! Tous les chiens sont censés savoir nager. Lui, il ne savait pas. Normalement, c'était dès le plus jeune âge d'un chiot qu'il commençait à nager, mais les parents du jeune chien ne l'avait jamais emmené nager A vrai dire ... D'un revers de patte, il chassa ses mauvais souvenirs et se contenta de déclarer :

"Désolé de t'avoir envoyé du sable."

Et oui, dans sa gamelle du siècle, il avait projeté quelques poignées de sable dans les airs et quelques grains étaient retombés sur Mezou.

Soudainement, l'eau monta très vite. Eliott se retrouva avec de l'eau jusqu'au haut des pattes, avant de tomber en arrière, dans le sable. La jeune chien noir et blanc se leva rapidement, posant une patte sr sa nuque. Mezou le regardait, inquiète. S'était-il fait mal ? Eliott secoua son T-shirt pour enlever le sable qui s'était collé dessus, en envoyant un peu sur Mezou au passage. Il se tourna ensuite vers la jeune fille, et lui fit un petit sourire, gêné.

« L'eau m'a surpris ... Je ne pensais pas qu'elle monterait si vite. »

Mezou ne répondit pas tout de suite, ce qui laissa à Eliott le temps de replonger dans ses pensées. Il avait l'air très timide, solitaire, rêveur, et plutôt maladroit ! Mais il était très gentil.

« Désolé de t'avoir envoyé du sable. »

Elle lui sourit, une fois de plus.

« Ce n'est pas grave ! » s'exclama t-elle. « Tu ne t'es pas fait mal ? »

« Ce n'est pas grave ! » s'exclama la jeune fille qui regardait le pauvre Eliott avait un petit sourire aux coins « Tu ne t'es pas fait mal ? »

Le jeune chien regarda un peu ses pattes pour s'assurer qu'il n'avait rien. Mais il n'avait mal nul part, donc il en conclut qu'il allait bien. Plus de peurs que de mal, comme on dit. Il leva la tête et lança un petite sourire à la fillette puis il déclara qu'il n'avait rien. Puis il se mit à marcher un peu et regarda la mer un long moment. Il aimerait tellement savoir nager .. Mais personne ne pourrait lui apprendre, vu qu'il n'avait aucuns amis dans la ville ! Soupirant, il reposa son regard bleuté sur la fillette brune et il se mit à penser. Cette jeune fille, qui portait le nom de Mezou, ce qui lui allait très bien en passant, avait l'air très gentille et pas du tout timide, à l'instar du canidé brun. Celui-ci n'avait jamais été un champion pour discuter avec les autres, bien au contraire. Il avait touours été solitaire et il ne s'était jamais attaché à personne. Au début, ses parents pensaient qu'il avait un problème, mais il n'avait rien, c'était sa nature. Il n'était pas méchant avec les autres, il ne les envoyait pas bouler si ils voulaient lui parler. Mais il n'engageait jamais la conversation.

"Ca fait longtemps que tu vis ici ?" demanda-t-il soudain.

Après lui avoir dit qu'il n'avait rien, Eliott s'éloigna un peu, longeant la mer de près. Mezou le suivit, bien décidée à en savoir un peu plus sur lui ! Elle le regarda longuement, cherchant à découvrir chaque parcelle de sa personnalité, de son caractère. Cherchant à découvrir ses défauts, ses qualités, ses erreurs, ses réussites, son histoire. Mais le jeune chien était impassible. Rien ne se lisait sur son visage, peut-être à cause de sa timidité ? En effet, chez les bavards, il était beaucoup plus simple de deviner des choses !

« Ca fait longtemps que tu vis ici ? » finit par demander Eliott.

Mezou réfléchit un instant. Depuis combien de temps était-elle là ... ? Déjà quelques semaines non ?

« Ca doit faire ... Quatre ou cinq semaines ? Je ne sais plus trop à vrai dire. » répondit-elle, en se penchant pour ramasser un coquillage.

Un mois, alors ? C'était beaucoup ! Elle devait bien connaître la ville et ses envions, ainsi que ses habitants et ses commerces. Eliott vit la fillette ramassée un coquillage couleur saumon. C'est drôle, mais même si ils étaient sur une plage, beaucoup de coquillages étaient brisés. Les autres, par contre, étaient vraiment magnifiques ! Mais que faire d'un coquillage ? A part l'exposé chez soit. Vous aurez peut-être remarquez que le jeune chien ne connaissait pas encore le système de commerce de Dovuille, et qu'il ne savait pas qu'on pouvait vendre tout et n'importe quoi chez ce voleur de Tom Nook. C'était encore un des mystères de la ville. Il y eut un grand coup de vent qui fit voltiger le sable. Une pêche se décrocha d'un arbre et roula sur la longue bande de sable, avant de percuter lentement le jeune chien qui observa le fruit avec une certaine hésitation :

"Mmmh .. Je crois bien que c'est une pêche ..." pensa-t-il tout haut, en ramassant le fruit.

Mezou rangea le coquillage dans sa poche. A vrai dire, elle ne savait pas trop quoi en faire, mais il était joli. Et puis, une de ses plus grandes passions était d'amasser des choses inutiles pour encombrer sa maison. Bien entendu, si c'était à elle de vous expliquer cela, elle dirait que chaque objet a beaucoup d'importance à ses yeux, et qu'ils sont tous extrêmement utiles, même si elle ne le pensait pas vraiment. Elle avait sa fierté, disons.
Une rafale de vent fit voleter le sable, on eut cru à une minuscule tempête de sable, comme celles que l'on observe dans le désert. Bien entendu, c'était bien moins impressionnant, mais Mezou prit quand même plaisir à regarder tout autour d'elle, au risque d'avoir du sable dans les yeux. Elle vit soudainement Eliott s'éloigner. La jeune fille tourna la tête. Non, en fait il allait juste voir une petite boule rose orangée qui était tombée.

« Mmmh .. Je crois bien que c'est une pêche ... » dit le chien noir et blanc.

Mezou hocha la tête, croyant qu'il s'adressait à elle. Eliott la ramassa, et la regarda un instant, la faisant tourner entre ses petites pattes. Il semblait une fois de plus plongé dans une intense réflexion. C'était quelqu'un qui prenait son temps, quelqu'un qui n'agissait jamais sur un coup de tête aux yeux de Mezou.

« Tu aimes les fruits ... ? Je n'en aurais pas l'utilité, je préfère le donner à quelqu'un qui aime les pêches ... »

Mezou hésita un instant, une petite idée en tête. Et si elle invitait Eliott chez elle avec quelques amis ? Ca lui permettrait de rencontrer des gens, et de mieux s'intégrer à Douville ! Un sourire illumina son visage, fière de son idée.

« Eliott, que dirais-tu de venir chez moi, une fois ? On pourrait inviter quelques habitants, et manger des tartes aux fruits ou des salades de fruits ! Et ça te permettrait de connaître du monde ! » s'enthousiasma t-elle.

« Eliott, que dirais-tu de venir chez moi, une fois ? On pourrait inviter quelques habitants, et manger des tartes aux fruits ou des salades de fruits ! Et ça te permettrait de connaître du monde ! »

QUOI ?! Eliott fit un bon en arrière, comme si il venait de voir un fantôme. Mezou voulait qu'il vienne chez elle ? Et elle inviterait du monde ? Oh là là. Mais que répondre à ça ? Il ne voulait pas la blesser, et en même temps, il avait une peur bleue de se retrouver au milieu de beaucoup de gens. Il ne connaissait personne. Pourquoi avait-il peur ? Très bonne question. A vrai dire, même lui ne le savait pas. C'était une peur, c'est tout. Impossible à expliquer. En tout cas, ce qui était bien sûr, c'est qu'il hésitait grandement à venir. Affichant un air horrifié, il se retint tant bien que mal de ne pas fuir en courant. Que devait-il faire ? Accepté ou refusé ? Peut-être que si il essayait de lui expliquer gentiment .. Elle comprendrait certainement. Le jeune chien, très posé habituellement, avait perdu tout son calme et il était très paniqué. Il essayait d'éviter le regard de la jeune fille et il se frottait les pattes nerveusement. Il se mit à balbutier des paroles incompréhensibles et il essaya de se reprendre un peu.

"Je .. je ne sais pas trop ... Je ne voudrais pas t-t'embêter." gémit-il, presque suppliant.

Il espérai que Mezou comprendrait. Il n'avait jamais été très à l'aise face à quelqu'un d'inconnu, mais en face de plusieurs inconnus, c'était encore pire ! Il allait paraître complètement idiot si il hurlait et s'enfuyait en pleine fête. En plus, il serait forcément le centre de toutes les discussions, de part le fait qu'il soit nouveau et que personne ne le connaisse à part la jeune fille brune. Il aurait mieux fait de rester chez lui, ce soir. Il était touché par l'invitation de la fillette. Il était heureux et paniqué à la fois. Il ne recevait que très rarement un signe d'affection de la part d'autrui. Il était souvent seul. Cela lui convenait parfaitement, bien que de temps en temps, il se sentait vraiment seul au monde. Et puis, il gardait toujours ses problèmes pour lui, n'en parlant à personne. Et c'était pesant, ça aussi.

"Bon .. Je, je vais y aller .. Ravie de t'avoir rencontré .. Euh .. peut-être à bientôt .."

Ok, ok. Là, il essayait de fuir, pour de vrai. Il attendait une réponse de la jeune fille, car il n'était pas impoli. Mais ensuit, il filerait le plus vite possible ! Il aurait bien aimé rester, mais maintenant que Mezou voulait qu'il vienne chez elle .. C'était une autre histoire.

Eliott fit un bon en arrière. Il semblait terrifié ! Mezou regarda derrière elle, se demandant si un horrible monstre avait surgit dans son dos ... Mais non, rien de ne trouvait derrière elle. Juste le sable, les cocotiers, la plage quoi. La jeune fille tourna la tête vers le chien noir et blanc. On aurait dit un autre ! Il n'était plus calme et timide, non, il était stressé et paniqué. Juste pour cela ? pensa Mezou, qui ne comprenait pas vraiment pourquoi il réagissait comme cela. Elle n'avait jamais été timide, en fait. C'était sûrement une habitude qui se prenait très jeune, et elle étant petite, elle était bavarde comme une pie ! D'ailleurs, il lui arrivait de faire ressortir ce côté, avec ses amis.

« Je .. je ne sais pas trop ... Je ne voudrais pas t-t'embêter. » balbutia t-il, en se frottant nerveusement les pattes avant.

Mais tu ne m'embête pas ! voulu répondre Mezou, déçue qu'Eliott refuse son invitation. D'accord, il était très timide ... Mais ceux qui ne le connaissaient pas manquaient quelque chose. Il était très gentil, au fond, même s'il n'avait sans doute pas vraiment l'occasion de le montrer.

« Bon .. Je, je vais y aller .. Ravi de t'avoir rencontré .. Euh .. peut-être à bientôt ... »

Déjà ?! Mezou reprit vite la parole, c'est d'ailleurs ce qu'il avait l'air d'attendre.

« Non, attends ! » s'exclama t-elle. « Ce serait vraiment bien, on pourrait juste être trois ou quatre ... S'il te plait ! » continua t-elle, en essayant de faire les mêmes yeux que ceux du célèbre Chat Botté ...

« Non, attends ! » s'écria la jeune fille à la chevelure brune « Ce serait vraiment bien, on pourrait juste être trois ou quatre ... S'il te plait ! »

Trois ou quatre ? Cette idée fit tournée la tête au jeune chien qui ne savait trop quoi répondre. D'un côté, il risquerait de vexer Mezou, de l'autre il .. serait entouré de plein d'inconnus ! C'était un fâcheux dilemme et notre jeune ami n'arrivait pas à se décider. Il eut le malheur (ou la chance selon les points de vue) de croiser le regard suppliant de la fillette. Ce regard était .. attendrissant. Oui, c'était le bon mot. Eliott grimaça et leva les yeux au ciel, désespéré. Pourquoi fallait-il que dès le premier jour de sa rencontre avec le premier habitant de la ville qu'il croisait, il était déjà invité ? Peut-être aurait-il mieux fait d'aller vivre dans un coin paumé, comme une grotte au fin fond de l'arctique ... C'était une bonne idée ça ! Il la mit dans un coin de sa mémoire et il déclara, penaud et hésitant :

"Bon .. T-Très bien. Si cela te fait plaisir ..."

Il s'avouait vaincu, à vrai dire. Il ne pouvait pas combattre contre la volonté de Mezou : et cette volonté semblait très persistante. Il n'avait donc aucune chance de sortir victorieux de ce combat imaginaire. Soupirant, il s'assit sur le sable. Il n'avait rien à faire ce soir .. Et puisqu'il ne prenait pas beaucoup de temps à dîner, il avait encore du temps pour profiter du coucher de soleil. Celui-ci était vraiment magnifique, et sa discussion avec la fillette brune l'avait détourné de son but premier : observer l'astre du jour descendre à l'horizon, happé par l'océan. Le spectacle était vraiment ravissant. Les étoiles apparaissaient déjà dans le ciel. Le canidé ne connaissait aucunes constellations de Douville, ce qui le peina un peu. Il faudrait qu'il passe au Musée, un de ces jours .. Mais il avait un telle trouille qu'il hésitait à y aller. Il pourrait peut-être dénicher une carte du ciel chez Nook.

"Si seulement j'étais moins peureux ... Je suis pathétique" murmura-t-il pour lui-même, oubliant la présence de Mezou.

« Bon .. T-Très bien. Si cela te fait plaisir ... » bredouilla t-elle, penaud et hésitant.

Mezou sourit. Génial ! pensa t-elle, enthousiaste. Eliott n'avait pas l'air aussi impatient qu'elle, mais elle était sûre qu'un jour, il y repenserait en souriant. Il s'assit sur le sable en soupirant.

« Si seulement j'étais moins peureux ... Je suis pathétique. » murmura t-il d'une voix presque inaudible.

Mezou vint s'assoir à côté de lui, sans bruit.

« Ce n'est pas vrai ... Tu es peux-être timide, mais tu es loin d'être pathétique ... » dit-elle.

Elle ne savait jamais quoi dire pour réconforter les autres. Elle perdait toujours sa langue dans des moments pareils. Un silence gênant s'installa. Mezou leva alors la tête vers le ciel, pour observer les étoiles. C'était magnifique.

La jeune fille vint s'asseoir auprès d'Eliott. Celui-ci était plongé dans une profonde réflexion dont les questionnements étaient inconnus à tous. Il se demandait d'où il tenait sa timidité ... Il eut beau réfléchir, il n'arriva qu'à une seule hypothèse : c'était certainement de naissance. Il soupira et regarda le ciel. La voix féminine de Mezou s'éleva alors, calmement, tentant certainement de réconforter le jeune chien qui n'était pas vraiment dans son assiette.

« Ce n'est pas vrai ... Tu es peut-être timide, mais tu es loin d'être pathétique ... »

Loin d'être pathétique ... Cette journée était pleine de rebondissements pour le jeune chien. Jamais personne ne lui témoignait de l'attention et une si grande gentillesse ... Il commençait à se dire que lui et Mezou pourrait peut-être devenir amis, après tout. La fillette semblait tellement gentille et généreuse. Quand à Eliott, il n'avait jamais eut d'amis de sa vie et il ne savait pas comment s'y prendre. Peut-être que la rencontre d'autres gens de Douville lui apprendrait des choses. Il devait combattre sa timidité, pour une fois. Et si il le faisait, ce serait pour Mezou. C'était une motivation supplémentaire. Il baissa la tête et posa son regard sur la jeune fille brune. Puis il se leva doucement et se secoua.

- Je n'habite pas très loin d'ici, dans une maison orange. Tu verras, il y a un jardin de fleurs autour ... Si tu souhaites passer me voir, je serais ravie de t'accueillir.

Il tendit une patte pour aider la jeune fille à se relever. C'était la première fois qu'il proposait à quelqu'un de venir chez lui. Il espérait ne pas se taper la honte : en effet, son jardin de fleurs en amusait plus d'un. Eliott était un garçon, il n'était pas censé faire pousser des fleurs ... Normalement, il devrait penser au sport, à la nourriture, aux jeux vidéos ! Mais pas aux fleurs. Mais il commençait à avoir confiance en Mezou et il se doutait bien que celle-ci ne se moquerait pas.

- Je suis désolé mais cette fois-ci, je dois vraiment rentrer ... Merci pour tout, et à bientôt !

Il serra la main de la fillette et fit demi-tour. Bientôt, une grande épreuve l'attendait : soutenir sa peur du monde, et prouver qu'il n'était pas si pathétique que ça. C'était un grand objectif pour Eliott.