Le train s'ébranla et s'éloigna du quai en cahotant, berçant de manière régulière ses passagers. Lyra jeta un bref regard par la fenêtre. Le paysage de son enfance disparaissait peu à peu mais cela ne lui arrachait même pas une larme. La jeune fille poussa un soupir et appuya sa tête contre la fenêtre vibrante. Elle quittait cette vie qui ne lui ressemblait pas, pour vivre seule, sans ses parents, sans la contrainte de l'école. Une nouvelle vie totalement indépendante s'offrait à elle. Elle serait libre de faire tout ce qu'elle souhaiterait. Ses envies n'auraient plus aucune limite. Voilà un programme bien excitant. Sa destination ? Douve-ville. Une petite ville d'apparence fort sympathique qu'elle avait repéré sur la carte. Et du jour au lendemain, elle s'était dit "Pourquoi pas vivre là-bas ? " Et la voilà partie, seule avec sa petite valise, dans un wagon silencieux... Elle ne savait absolument pas ce qu'elle ferait là-bas. Elle improviserait une fois sur place. Lyra détestait anticiper. Du stress pour rien d'après elle. Autant vivre l'instant présent, c'est ainsi que l'on trouve le bonheur !
Mais la jeune fille était surtout fatiguée. Fatiguée de ses parents qui ne s'occupaient d'elle que pour lui aboyer des ordres. Fatiguée de cette vie qui ne lui ressemblait pas. Elle sentait la fatigue ronger ses traits et alourdir ses paupières. En un clin d'oeil, elle plongea dans un sommeil de plomb, la tête toujours contre la vitre sale et poussiéreuse, et sa valise à roulettes calée entre ses jambes.
Des pas. Des murmures. Des trépidations. Lyra ouvrit ses grands yeux océan. Elle mit un moment avant de se souvenir de ce qu'elle faisait là. Son regard incrédule se posa soudainement sur un chat à la fourrure bleutée, aux grands yeux ronds et aux oreilles pointues, vêtu d'un gilet qui était assis sur le siège de cuir face à elle. Il la regardait, la tête penchée de côté, et un grand sourire s'étalant sur son visage. Un peu plus loin, une laie aux poils bruns, portant un fichu et un sac rempli de ce qui ressemblait à un tas de navets blancs somnolait sur son siège. Il y avait aussi, dans la cabine du conducteur, un singe habillé d'un veston bleu de chef de gare et d'un képi.
Lyra sourit. Elle se trouvait encore dans un rêve délirant. Et elle aimait les songes qui lui laissaient une sensation de réalisme incroyable.
Aussi, lança-t-elle légèrement:
- Salut !
- Bonjour, répondit le félin. Je me suis permis de m'asseoir face à toi, cela ne te dérange pas ?
- Pas du tout ! fit Lyra. Vous êtes un chat ? S'étonna-t-elle ensuite.
- Bien entendu !
- C'est... original, lâcha la jeune fille en parcourant du regard la silhouette du personnage.
- Original ? Pas du tout ! Il y a plein de chats ici.
- Oui mais un chat qui parle et qui s'habille comme un humain c'est quand même original non ? enfin bon, nous sommes dans un rêve, après tout...
L'animal ne parut pas du tout comprendre et pour masquer son embarras il enchaîna avec une autre question:
- Comment t'appelles-tu ?
- Lyra et vous ?
- Moi c'est Charlie, dit-il en effectuant une sorte de courbette. Lyra est un prénom très mignon. Où vas-tu donc comme ça Lyra ?
- A Douve-Ville ! répondit-elle.
- Oh, tu veux dire... Douville ? C'est une charmante ville. Tu y emménages ou il s'agit d'un simple voyage ?
- J'y commence une nouvelle vie.
Lyra commençait à ressentir un certain malaise. Pourquoi son rêve durait-il ? Elle n'aimait pas ça. La sensation de réalisme était beaucoup trop forte, à un tel point qu'elle commençait à croire que ce qu'elle était en train de vivre n'avait rien d'imaginaire !
- Voilà un bien beau projet ! Je ne connais pas trop Douville mais j'en ai entendu que du bien !
Il sortit de sa poche un gros livre renfermant des plans, se pencha sur son ouvrage le feuilleta rapidement de ses grosses pages et montra à Lyra la page où s'étalait le plan de la ville. En lettres capitales, au dessus de la carte était inscrit "DOUVILLE"
- C'est là que tu vas, n'est-ce pas ? dit Charlie.
- Je vais à Douve-ville, et non à Douville ! répondit Lyra. D-O-U-V-E V-I-L-L-E, épela-t-elle.
- Cela n'existe pas dans le monde d'Animal Crossing, fit Charlie. Par contre, Douville existe et c'est la destination de ce train, le prochain arrêt d'ailleurs.
Tout ceci n'était pas un rêve, Lyra en était sûre à présent car cette impression de réel s'intensifiait.
- Il y a erreur, bégaya-t-elle, le teint blafard. J'ai atterri dans un autre monde peuplé d'animaux ! réalisa-t-elle à voix haute.
- Toi, Lyra, t'aérer te fera le plus grand bien, ronronna l'autre. ça tombe bien, nous voici arrivés !
Le singe prit la parole et annonça Douville. Quelques secondes plus tard, le train s'arrêta, les portières coulissèrent...
- Moi je reste ici, au revoir Lyra, bonne continuation ! lança l'étrange individu.
Les jambes tremblantes, la jeune fille se leva, saisit fermement la poignée de sa valise à roulettes et sortit par une portière ouverte. Elle se trouvait sur un petit quai désert. Avec un air perplexe, elle observa le train s'éloigner et aperçut une dernière fois le sourire de Charlie. A sa droite, des sièges en plastique orange et une horloge. A sa gauche, un portillon, des casiers métalliques, un grand panneau avec des explications. Devant, une porte, derrière laquelle on devinait un paysage campagnard. Et là, au milieu, elle, complètement perdue.
N'importe qui peut RP avec moi. ^.^