Nouvelle ville, nouveau départ [Libre]

Le bus roulait lentement, bien trop lentement à mon goût. Je regardais le paysage défiler derrière la vitre depuis plusieurs heures. C'était ennuyant. Des arbres, des fleurs, des montagnes. Pas un centre commercial à l'horizon. Rien qui ne ressemblait à une ville. Je soupirais, et posa ma tête contre la vitre.

« On arrive bientôt ? » demandai-je à Amiral, le type qui conduisait le bus.

J'étais d'ailleurs seule dedans, Douville n'était apparemment pas une destination appréciée. J'espérais que cette ville n'était pas totalement paumée, tout de même.

« Oui. » répondit Amiral, froidement.

Il n'avait visiblement pas apprécié ce que je lui avais dis tout à l'heure. Tant pis pour lui, il n'avait qu'à ne pas m'harceler avec toutes ses questions. Je relevais haut la tête, hautaine, sans quitter le paysage ennuyant des yeux. Je vit quelques maisons, éparpillées çà-et-là. Petit à petit, le bus ralentit, avant de s'arrêter complêtement. Quoi ?! C'est là, Douville ?! Mais ... C'est minuscule !

« Dehors, Elisa. fit le Kappa.
-Quoi ?! Mais non ! C'est pas une ville, ça, c'est trois maisons perdues au fond de la forêt !
-Ce n'est pas moi qui ai choisis de t'emmener là. Maintenant, sors. »

Je lui lançais un regard noir, avant d'attraper ma valise et mon sac. Je traînais tout cela tant bien que mal à l'extérieur du bus, dont les portes se refermèrent aussitôt.

« Tu pourrais dire "Au revoir" tout de même ! » lui criais-je, tandis que le véhicule démarrait.

Je soupirais une nouvelle fois, et fit quelques pas. Des arbres, une ou deux maisons, et un grand bâtiment, qui ne ressemblait en aucun cas à un magasin. Qu'est ce que j'allais faire, dans ce village paumé ?! Pourquoi est-ce que Papa m'a envoyée ici ?! Désepérée, je posais ma valise au sol, et m'assit dessus.

« Y a-t-il quelqu'un dans cette forêt ? » appelais-je.

Après un moment qui me sembla interminable, le bus réapparut. Amiral était toujours assit sur le siège conducteur, et je le fixais d'un oeil mauvais. Un aigle brun et blanc descendit du véhicule, traînant une valise derrière lui. Il salua le bus, ce qui était vraiment stupide à mon goût, et descendit la petite pente. Alors lui aussi, il venait vivre dans ce coin paumé ? Décidément ...

« T'en fais une tête pour un emménagement. Ah, les jeunes, comment vous pouvez vivre dans le bruit 24h/24 ? »

Je manquais de m'étrangler. C'était qui, celui-là ?! Pour qui se prenait-il, surtout ?!

« Nan mais pour qui tu te prends ? J'en ai rien à faire de ton avis ! » rétorquai-je, indignée.

Mais qu'est ce qu'il avait, celui-là ? Je levais les yeux au ciel. On ne lui avait jamais apprit la politesse ? Râh, il y avait vraiment des gens qui manquaient d'éducation sur cette planète ...  

[Merci ^^]

Je le regardais fixement. Qu'est ce qu'il avait à rire, encore ? Ca l'amusait tant que ça ? Ah, et dire qu'il allait être mon nouveau voisin ... J'espérais sincèrement le croiser le moins possible, j'étais déjà déçue d'aller vivre ici, je n'avais pas besoin de quelqu'un qui me fasse la leçon !

« Hé ! Tu vas tout de même pas prendre cet air ! C'était pour plaisanter. Bref, je m'appelle Apollon et toi ? »  

Apollon ? Bah tiens. Il s'prend pour un dieu celui-là ? Je suis sûre que ce n'est même pas son vrai nom. Je ne lui répondis pas. Il avait réussit à m'énerver en trente secondes. Un record.

« Bon ... Si tu le prends ainsi. »  fit-il, en haussant les épaules.

L'aigle reprit ses bagages, et s'éloigna de moi. Je remarquais qu'il avait oublié un sac à côté de moi.

« Hé ! T'oublies rien, là ?! » l'interpellai-je, tenant l'objet à bout de bras.

Je réalisais soudain que je n'avais pas envie de faire le chemin toute seule. Et même s'il était énervant, je préférais marcher avec lui.

« Tiens, c'est ma valise. Je te remercie de me l'avoir apporté. Je me disais pourquoi mes objets étaient légers. Et si tu devenais mon valet pour porter mes bagages ? »

Il ponctua le tout d'un nouveau rire. Il se moquait vraiment de moi c'ui-là.

« Nan mais tu rêve là. » dis-je d'une voix presque inaudible.

Retrouvant son sérieux, le dénommé Apollon reprit sa valise, à mon grand soulagement. S'il croyait que j'allais lui tenir ses bagages, il pouvait toujours rêver. Les gens comme ça, il faut les ramener sur Terre, c'est la moindre des choses.

« Boah, il va falloir t'habituer à ça si j'étais toi. T'es Elisa je suppose. Je vois ton étiquette sur tes affaires. D'ailleurs, pourquoi tu veux habiter à Douville ? »

S'habituer ? Oulà. Je ne comptais pas le revoir ... Ceci, parler de moi était beaucoup plus intéressant.

« Oui, c'est moi Elisa. Et je ne veux pas habiter à Douville, c'est mon père qui m'a envoyée ici ... Tu te rend compte ?! Il m'abandonne presque ! J'espère au moins qu'il y a du réseau dans cette forêt, il me conduit directement à la mort, là ! »

Comment j'allais faire pour vivre ici ? A cette époque, je me le demandais encore. J'allais devoir me débrouiller seule. Plus personne ne serait aux petits soins pour moi, plus personne ne s'occuperait de nettoyer et de tout ranger à ma place ... Comment se servait-on d'une serpillière d'ailleurs ?!